05 avril 2022

Extrait du roman "Anna R. Licht" : la cellule blanche

"Mais pourquoi fallait-il toujours se souvenir ? Pourquoi ? Il semblait que depuis ma naissance, depuis le jour où mes yeux se fixèrent sur le premier objet et depuis le moment où ma main se serra sur lui, depuis toujours, il fallait se souvenir. Mais se souvenir de quoi au juste ? La souffrance, le martyr de mes parents planaient dans nos murs telle une mémoire permanente, étouffante, castratrice. L'absence de leurs parents, de leurs frères et sœurs marquait de façon indélébile chaque recoin de la maison. Il fallait depuis toujours que je me souvienne d'eux. Il le fallait. Mais souvent, au fond de ma cellule toute blanche et étroite, lorsque mon père rugissait comme un animal et que ma mère hurlait de pleurs, mon cœur se glaçait et s'immobilisait et personne ne se souvenait de moi. La mémoire était à sens unique."

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Olivier Stroh sur BIP TV

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