Extrait du roman "Anna R. Licht" : la chambre 2315

"Devant la porte de la chambre 2315, je frappai à tout rompre. Édouard m'ouvrit et je distinguai immédiatement la surprise et la gêne dans son regard. Mais avant qu'il put dire quoi que ce soit, je me précipitai vers lui et le pris dans mes bras énergiquement.

- Il fallait que je revienne, Édouard. Je voulais te dire... moi aussi j'ai besoin de toi. J'ai besoin de toi.

Édouard semblait tétanisé, comme frappé par une nouvelle insurmontable ou grotesque. Je cherchai un moyen de dissiper ce malaise quand je compris la raison de son embarras. J'entendis un léger grincement : c'était le robinet de la salle de bains que l'on tournait. Edouard n'était pas seul. Il prit à Éric exactement une seconde pour nous rejoindre devant la porte. Dans mon effroi, je serrai encore des deux mains la chemise de son père. Le reste des événements se passa rapidement, mais chaque fragment de seconde sembla s'étaler sur une plage de temps immense et indéterminée. Éric prononça deux ou trois mots terribles, brûlants comme l'acide. Il s'en alla tout de suite. Je voulus le rattraper dans le couloir mais je n'arrivai pas à bouger. Édouard aussi était paralysé. Un instant plus tard, Éric revint pourtant dans la chambre. Avait-il oublié quelque chose ? Tout semblait avancer au ralenti... Tel un malfrat professionnel, Éric happa ma gorge entre ses deux mains et dans un rugissement féroce me cogna violemment la tête contre la porte. Curieusement, une seule pensée me traversa l'esprit pendant cette scène qui tenait de la bouffonnerie, j'étais punie pour un crime que je n'avais pas commis."

« Étonnant et formidable premier roman de Nathalie Klein ».

«J'ai lu en un seul souffle l'histoire bouleversante et mouvementée d’Anna Licht. »

 «Anna Licht fait tout pour qu’on se souvienne d’elle, pour qu’elle trouve une place, pour que la mémoire ne soit plus à sens unique. »

«Merveilleuse épopée d'une post adolescente qui devient femme. »

« ... un style ultra rapide, presque saccadé, d’un coureur de fond voulant transcender l’essoufflement à l’image du héros pressé ...»

 L’écriture de Nathalie Klein est fluide, belle et percutante ».

 

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 vos opinions et sentiments sur ce roman.

 « Anna R. Licht », aux Éditions La Déviation et Gasp! Éditions!

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Extrait du roman "Anna R. Licht" : la cellule blanche

"Mais pourquoi fallait-il toujours se souvenir ? Pourquoi ? Il semblait que depuis ma naissance, depuis le jour où mes yeux se fixèrent sur le premier objet et depuis le moment où ma main se serra sur lui, depuis toujours, il fallait se souvenir. Mais se souvenir de quoi au juste ? La souffrance, le martyr de mes parents planaient dans nos murs telle une mémoire permanente, étouffante, castratrice. L'absence de leurs parents, de leurs frères et sœurs marquait de façon indélébile chaque recoin de la maison. Il fallait depuis toujours que je me souvienne d'eux. Il le fallait. Mais souvent, au fond de ma cellule toute blanche et étroite, lorsque mon père rugissait comme un animal et que ma mère hurlait de pleurs, mon cœur se glaçait et s'immobilisait et personne ne se souvenait de moi. La mémoire était à sens unique."